Franck Helmlinger, Switchim : "Dans un marché très tendu, les solutions immobilières alternatives permettent de répondre à la demande"

Pourriez-vous vous présenter et nous présenter Switchim ? 

Je suis issu de la promotion immobilière. J’ai également fait des études dans la gestion et le développement d’entreprises. J’ai fondé Switchim en 2013. À l’époque, l’agence s’appelait Akirimo.

Au début, je souhaitais concentrer notre activité sur l’habitat participatif. L’habitat participatif fonctionne comme une opération de promotion immobilière dans le neuf, sauf qu’elle est menée par un groupe de particuliers, généralement une dizaine de personnes. Notre rôle est alors d’accompagner ce groupe dans tous les aspects de leur projet, de la recherche du terrain jusqu’à la livraison de l’immeuble. 

Mais ce type d’opération prend des années à être réalisée. C’est pourquoi nous avons diversifié notre activité. Nous proposons aujourd’hui, aux côtés des transactions classiques, une vingtaine d’options alternatives pour permettre aux personnes de vendre ou d’acquérir un bien immobilier. 

Nous sommes une petite agence familiale de trois collaborateurs. Nous réalisons entre 10 et 15 ventes sur l’année. Environ 60 % de nos transactions concernent les ventes traditionnelles et les 40 % restants sont des transactions atypiques. 

Sur quel secteur géographique intervenez-vous ? 

Nous sommes basés à Nantes et intervenons sur l’ouest de la France, de Vannes jusqu’à la Charente-Maritime. Au vu de notre spécificité, nous sommes aussi sollicités par des clients de la région lyonnaise ou du nord et de l’est du pays. Mais, compte-tenu de nos effectifs, il ne nous est pas possible de couvrir l’ensemble des régions. 

Comment se porte le marché local actuellement ? 

Le marché est extrêmement tendu. Il l’était déjà avant le Covid-19. La Bretagne, les Pays-de-la-Loire et l’Aquitaine ont accueilli beaucoup de personnes issues d’autres régions. La crise sanitaire a accentué ce phénomène de mobilité, soit pour des raisons personnelles comme une séparation, soit pour des raisons pratiques. Les personnes qui habitaient en centre-ville ont aussi préféré s’éloigner de 10 ou 15 kilomètres pour avoir un jardin et plus de calme. 

Les prix ne cessent de monter. Résultat, les familles qui pouvaient acheter il y a quelques années ne le peuvent plus. Nos transactions alternatives sont une solution pour permettre aux personnes de réaliser leurs projets dans un contexte extrêmement tendu. 

Nous proposons par exemple de réaliser un échange définitif de bien immobilier. Actuellement, les propriétaires n’ont aucun mal à vendre mais il est beaucoup plus compliqué pour eux de trouver ce qu’ils veulent ensuite. Donc, plutôt que d'acheter et de vendre, nous organisons un échange définitif. Cela permet de regrouper les deux. Nous essayons de trouver une personne qui veut la même chose que ce que l'on a et qui a un bien qui correspond à ce que l'on attend. C’est une démarche qui prend du temps, puisqu’il faut bien comprendre les deux parties et qu’il faut également trouver les personnes qui peuvent procéder à l’échange. Mais cela évite de repasser par le notaire ou de devoir souscrire un emprunt auprès de la banque. 

Pourriez-vous nous parler de vos autres solutions alternatives ? 

Nous réalisons des achats groupés. Lorsqu’un propriétaire a un site entier à vendre, il fait appel à nous pour trouver des acquéreurs. Nous recherchons les acheteurs ou nous positionnons ceux que nous connaissons déjà pour qu’ils achètent en même temps. Ainsi le propriétaire vendeur ne voit pas de différence avec une vente classique et ne risque pas de se retrouver avec une partie de sa propriété invendue. Une fois que le vendeur est satisfait du nombre d’acquéreurs par rapport à la taille de la propriété, nous passons à la vente. 

Nous procédons aussi à des ventes solidaires. Il s’agit de réorganiser le bien autrement pour pouvoir permettre sa vente. C’est une réponse que l’on peut faire à des personnes qui se retrouvent seules dans une grande maison après le départ de leurs enfants. Elles peuvent ainsi continuer à vivre chez elles tout en allégeant leurs charges et en bénéficiant du prix de la vente partielle de leur bien.

Nous offrons aussi de partager l’usage, par exemple pour les places de parking. Le cas le plus typique est celui de quelqu’un qui habite en centre-ville et qui part le matin avec sa voiture pour ne rentrer que le soir. L’espace est libre toute la journée. Et en face, il y a un salarié qui a besoin de se garer dans le secteur en arrivant au bureau et qui repart à 18 heures. Tous les deux peuvent se mettre d’accord pour partager la place de parking. Cela coûte moins cher au locataire et le propriétaire valorise son patrimoine. 

Enfin, nous proposons aux personnes une solution d’usufruit temporaire. Cela permet à des propriétaires qui avaient des réticences à louer de le faire sans crainte et de répondre aux personnes qui ont un besoin immobilier mais pas de projet patrimonial. Le propriétaire va vendre un droit d’usufruit temporaire. Il va toucher la somme en une fois et n’aura donc pas la crainte des loyers impayés. Pour les occupants, le budget sera bien moindre que pour un achat immobilier et cela ne les empêche pas d’avoir un bien en pleine propriété par ailleurs. 

L’usufruit temporaire est une solution qui peut être adaptée quand un senior part en maison de retraite. Le capital lui permet de financer son séjour sans devoir vendre son bien, dont il n’a pas l’usage dans l’immédiat. Pour les occupants, cela permet de se loger sans passer par la location. D’autant plus que les grands appartements familiaux sont souvent compliqués à trouver. Cette option correspond à un réel besoin. Aujourd’hui, les gens bougent beaucoup plus qu’auparavant. Les études montrent que tous les 8 ou 12 ans, un événement survient, comme l’agrandissement de la famille, qui pousse les personnes à déménager.