Eric Allouche, ERA : "Oui, je suis raisonnablement optimiste !"
Quelle est votre situation en cette fin février 2021 ?
Ça se passe bien. On a connu une fin d'année chahutée avec le confinement de novembre, qui a provoqué une baisse : moins 29 % en termes de vente, mais c'est en train d'être rattrapé. Si on regarde les chiffres, comparé à l'année 2019, on a une légère augmentation en décembre 2020, pas très importante, mais qui montre que cela reste dynamique.
Et ça se confirme en janvier. Ça veut dire qu'il n'y a pas d'effondrement et même que ce retard de novembre va être comblé.
Donc 2021 se présenterait plutôt bien ?
L'immobilier reste très attractif et les facteurs d'optimisme sont toujours là. Les taux sont bas, le taux maximum d'endettement qui était de 33 %, monte à 35 % : on peut voir des signes positifs, y compris par les autorités monétaires, il n'y a donc pas de raisons de s'alarmer.
Et puis dans les périodes de tension, et il y en a des tensions, il suffit d'allumer la radio pour s'en convaincre, que reste-t-il de sûr : l'immobilier. Le besoin est toujours là !
Et les prix ?
Les prix se tiennent. À Paris, ils vont peut-être effectivement stagner, voire même baisser un peu, mais Paris, c'est un petit bijou à part. À Paris on est allègrement à plus de 10 000 euros du m². Dans un quartier un peu attractif, vous êtes vite à 12 000 €/m². Bon, si ça perd un peu ce n'est pas dramatique.
Paris a été affecté par ce mouvement, qui dure, de volonté d'espace, qui conduit à quitter la ville. Donc aujourd'hui il y a un peu plus de stock, les acquéreurs sont plus regardants, on négocie un peu plus, c'est une question d'offre et de demande.
Et les investisseurs, ils recherchent aussi la sécurité ?
Absolument. Si on investit à Paris, c'est un placement plutôt qu'un investissement. Soit les prix sont stables, soit ils montent, et vous gagnez sur la plus-value ce que vous ne gagnez pas sur le rendement.
Par contre c'est différent en régions. J'en discutais avec un agent de Saint-Quentin dans l'Aisne, il est à plus de 9 % de rentabilité locative. À Calais j'ai vu des gens qui achètent un immeuble, le réaménagent et le louent, avec une très bonne rentabilité. Il suffit de faire le ratio prix de l'immobilier/prix des loyers, on est sur des montants très confortables. Bien sûr il faut être bien conseillé, c'est pour ça que les professionnels sont là !
Beaucoup de start-up s'intéressent à l'investissement locatif…
Oui, et c'est très bien, il faut que ça bouge, mais il ne faut pas confier tout à la technologie. On n'évalue pas un bien avec un algorithme. Il y a beaucoup de facteurs, toujours différents.
Quand on évalue un bien chez ERA, il y a une discussion dans l'équipe de l'agence et chacun donne son avis, afin qu'il n'y aie pas d'erreurs. Pendant le confinement on parlait de ventes virtuelles, mais c'est anecdotique. L'enjeu d'un achat immobilier est trop important, ce n'est pas un petit achat sur Amazon !
Le réseau ERA se porte bien, donc ?
Oui, nous sommes satisfaits. Malgré deux mois d'arrêt on a fait sensiblement le chiffre de 2019, et puis on a signé 60 franchises, des gens qui créent leur agence avec ERA, qui ont donc confiance, et ils ont raison puisque ça fonctionne. À côté d'autres domaines sinistrés : la restauration, le tourisme, c'est terrible… Nous, nous avons beaucoup de chance.
Quels conseils aux vendeurs, et aux acheteurs ? Les mêmes qu'avant la crise ?
Ça dépend du projet ; c'est un premier achat, un investissement locatif ? La première des choses quand on voit quelqu'un, c'est un "entretien découverte", pour comprendre son besoin et y répondre au mieux. Et on leur explique la réalité. Ensuite, ils peuvent faire leur choix.
Il y a toujours des investissements intéressants, même avec peu d'argent. Vous pouvez investir dans des parkings, il y a des choses intéressantes. Ça va de 5 000 à 35 000 euros.
Quoi qu'il en soit l'immobilier reste un placement sûr. Mais il faut être vigilant. Il faut sortir sa calculette, et il faut faire appel à un professionnel, car il a une obligation de conseil, il est assuré, il offre des garanties juridiques en termes de fiabilité, c'est important compte tenu de l'enjeu.
En somme vous êtes assez positif pour l'avenir ?
Oui, je suis positif parce que les indices nous conduisent à l'être. Les paramètres sont bons. Aujourd'hui on emprunte à 1,20 %, voire moins…
Par contre il faut bien regarder le prix de l'assurance, parce qu'il y a parfois un bug : on vous propose un taux attractif et sur l'assurance on vous massacre… C'est le conseil que je peux donner, bien regarder le taux de l'assurance.
Et puis… Ne pas hésiter à se lancer ! De toute façon, vous êtes obligé de vous loger. Donc soit vous payez un loyer et il part, soit vous payez un crédit et ça sert à quelque chose. À partir du moment où vous pouvez acheter, il faut acheter. Il faut bien sûr rester un moment dans les lieux. Si vous changez tous les six mois, autant louer.
Aujourd'hui, il y a des mouvements dus au télétravail, des gens qui anticipent une retraite, qui disent : Voilà, je suis en télétravail 3 jours par semaine, je peux acheter une maison dans un endroit où j'ai envie de vivre. C'est un calcul que beaucoup font, on a une forte demande, en Bretagne ou ailleurs.
On n'est pas sorti de cette crise, on voit tous ces variants qui compliquent les choses. Il va falloir apprendre à vivre avec. Il faut réussir à s'adapter. L'État doit faire preuve de créativité pour adapter chaque profession aux nécessités sanitaires. Mais oui, je suis raisonnablement optimiste !