de superimmo.com

Votre magazine en ligne d’information sur l’immobilier

Mag

Yann Jéhanno, Laforêt : "Avec le confinement, les Français perçoivent davantage l'importance d’un agent immobilier de proximité"

Publié le 13 novembre 2020

Le réseau franchisé Laforêt réunit près de 700 agences immobilières et de 4 000 collaborateurs, qui ont fait aboutir 30 000 transactions en 2019 et administrent 50 000 biens en gestion locative. Yann Jéhanno, son Président, nous donne son éclairage sur la période troublée que vit le marché immobilier.

Que pensez-vous du marché aujourd'hui ?

Il n'y a pas de marché, les visites étant interdites ! On ne peut pas prendre le pouls de l'impact du reconfinement sur les prix ni sur le rythme du marché.

Si on regarde en arrière, nous en sommes au quatrième acte de l'année 2020 : 

  • le 1er trimestre, qui était sur la dynamique de l'année 2019 ; 
  • le confinement, avec une activité réduite de 90 % ;
  • le rebond post-confinement : un marché euphorique jusqu'à mi-octobre, avec 30 % d'acquéreurs supplémentaires par rapport à la même période en 2019. Pendant le confinement, les français avaient muri de nouveaux projets immobiliers : un investissement locatif, une résidence secondaire, un logement avec plus de confort… 
  • et 4ème acte, le reconfinement, très différent du premier, car on peut continuer à travailler, à prendre des mandats de vente et de location, à réaliser des estimations, à réaliser des états des lieux, à signer les actes authentiques chez les notaires, à déménager, sauf que… sauf que on ne peut pas faire de visites. 

On parle des visites virtuelles…

Ça fait partie des services attendus désormais, mais quand on met une somme significative pour acquérir un logement, on a besoin de pousser les portes, d'ouvrir les fenêtres, de constater l'ensoleillement, de visiter le quartier… La visite virtuelle, c'est une présélection, mais l'immobilier c'est un lieu de vie… Probablement qu'un jour on pourra acheter un logement existant à distance, sans jamais le visiter, mais aujourd’hui ce n’est pas le cas !

Et la visite physique, ce chainon manquant, est aussi préjudiciable aux agences immobilières et à leurs collaborateurs, salariés ou indépendants, qu’aux Français qui se retrouvent sans solution. Leurs projets immobiliers sont pourtant liés aux mouvements de la vie, qui se poursuivent, pandémie ou pas : une naissance, un mariage, une séparation, une mutation... 

C'est le sens de la lettre que vous avez adressé, avec vos confrères, au gouvernement, avec l'objectif de pouvoir effectuer à nouveau des visites ?

Exactement, dans une lettre ouverte publiée le 10 novembre dans le quotidien Le Monde, les 10 principaux réseaux et groupes immobiliers français (L’Adresse, Century 21, Citya, Era, Foncia, Guy Hoquet, L’Adresse, Laforêt, Nestenn, Nexity et Orpi) ouvrent la discussion avec le gouvernement, avec pour objectif d’être autorisés à reprendre les visites dans le parc immobilier privé.

Il se passe toutefois des choses au niveau des vendeurs et des acheteurs ?

Oui, bien sûr, la demande est extrêmement forte et se heurte à cette impossibilité de visiter, qui reste incompréhensible pour les candidats à l’acquisition comme les locataires. Ce qu'on ne mesure pas encore, ce sont les effets psychologiques et économiques de ce confinement à moyen terme.

Quel pourrait être l’effet sur les prix immobiliers ?

Durant les mois qui ont suivi le premier confinement, les projets bloqués se sont libérés au même moment, créant une pression très forte sur les prix. Dans le contexte économique que nous connaissons, ce n'est vraiment pas l’effet souhaité. Aujourd’hui, le risque est le même : les projets suspendus s’accumulent et vont se relancer brutalement, tous au même moment.

Quels conseils donneriez-vous aux vendeurs et aux acheteurs ? 

Ne pas renoncer à leurs projets immobiliers et mettre la période à profit pour préparer la vente de leurs biens avec les professionnels : photos, visites virtuelles… Conseil similaire pour les acquéreurs : c’est le moment de soigner son profil d’emprunteur. On sait que les banques ont durci leurs conditions d'octroi. Et le primo-accédant doit préparer son dossier, constituer ou renforcer son apport personnel, aligner son projet avec ses ressources...

Et les investisseurs, qu'en est-il ?

C'est l'une des surprises post-confinement. Les investisseurs sont au rendez-vous et représentent 24 % des transactions réalisées par les agences du réseau Laforêt. Face à des marchés financiers volatiles, les français sont convaincus par la pierre. C’est concret, peu risqué, et le fonctionnement du marché est simple. Dans le contexte que nous traversons, l’immobilier rassure.

Dans cette période, quels changement dans l'attitude des gens ?

Un changement dont on a beaucoup parlé, c'est l'envie d'avoir une pièce en plus pour travailler, et un balcon ou un terrain, mais ça ne se traduit pas encore dans les ventes. Car, finalement, s'éloigner des métropoles présente autant d’avantages que d’inconvénients… Néanmoins, suite à la vague du télétravail, on constate de réelles attentes sur la connectivité du logement, avec un accès à la fibre, une bonne couverture 4G… ça devient un critère de recherche.

Dernier point, qui s'est vérifié au cours du premier et aussi de ce deuxième confinement, et c'est flagrant, c'est l’accompagnement d’un professionnel de proximité. Pour intervenir quand le besoin est là, rassurer, rechercher des solutions parmi tous les partenaires et les métiers avec qui il est en relations. Un interlocuteur dans sa ville qui a un accès privilégié au notaire, qui est en relation avec le diagnostiqueur, le service d’urbanisme ou le concierge de l’immeuble.

C'est cette valeur ajoutée de l'agent immobilier qui est désormais plébiscitée.