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Yann Jéhanno, Laforêt : "Le marché est sous pression, les prix sont orientés à la hausse"

Publié le 24 mai 2021

Laforêt est un leader de l’immobilier qui peut s’appuyer sur 700 agences et 4 000 collaborateurs. Le réseau fait régulièrement appel à l’IFOP pour connaitre les points de vue des Français sur l’immobilier, dans un contexte de marché extrêmement actif.  Yann Jéhanno, son Président, nous parle de la dernière étude, du marché et de son réseau.

Pouvez-vous nous commenter les résultats de l’étude IFOP qui révèle que 4 français sur 10 sont attentifs aux aspects environnementaux quand il s’agit de rénover leur logement ?

Je dirais que la première chose c'est le contexte, puisqu'on est en plein débat autour de la loi climat et résilience et que la rénovation énergétique des logements s'est invitée de manière conséquente dans les échanges. 
Il nous semblait donc pertinent de mener cette enquête, pour mesurer l’écart ou, a contrario, l'alignement entre les intentions gouvernementales et la réalité des Français. Et ce sondage souligne un certain décalage puisque les Français envisagent avant tout la rénovation énergétique comme un moyen de réaliser des économies énergétiques, là où le gouvernement y voit une lutte contre l'émission des gaz à effet de serre.
C'est important de diffuser ces résultats afin que nos gouvernants aient en tête qu'ils ne poursuivent pas nécessairement les mêmes objectifs que nos concitoyens.

Et puis, d'une manière plus globale, cela nous permet de discerner où, dans notre savoir-faire, dans notre manière d'accompagner nos clients dans leurs projets immobiliers, qu'ils soient vendeurs, acquéreurs, bailleurs, locataires, copropriétaires, nous devons apporter un éclairage différent, donner un conseil personnalisé, présenter des outils spécifiques.
Depuis de nombreuses années, la rénovation énergétique et la valeur verte d'un logement nous semble être un territoire où les services publics devraient améliorer l’accompagnement des Français. C'est aussi dans ce cadre-là que cette étude intervient.

D'après cette étude, les principales motivations des acheteurs ne changent pas beaucoup : le prix, la localisation et le coup de cœur.

Oui, le prix, c'est à la fois le prix du marché et aussi l'enveloppe budgétaire pour qu’à côté du logement, on puisse consacrer des moyens à son entretien, à sa famille, à ses loisirs etc.

Les prix évoluent beaucoup actuellement ?

Les prix sont orientés à la hausse. À la fin du premier trimestre, avec une hausse de 1,3 % au niveau national, et de près de 2 % dans les régions. C'est la conséquence du marché, avec des intentions d'achat qui ne font que se multiplier.
Là encore, sur le premier trimestre 2021, nous avons 14 % d'intention d'achat de plus qu'au premier trimestre de l'année précédente. Le trafic sur notre site Internet bat des records de mois en mois depuis le début de l'année 2021.
Donc, des Français qui portent des projets immobiliers, de délocalisation ou secondaire, et d'investissement locatif.

Et face à cela, l’offre est à un niveau extrêmement bas. La "faute", entre guillemets, à 4 années historiques en termes de volume de transactions en France dont nous sortons. 
Et puis le réservoir de l'immobilier "ancien" est insuffisamment alimenté par le neuf, parce qu'il y a un déficit de construction. Il y a eu la période électorale, les municipales et on sait que peu d'élus ont envie de voir des grues dans les rues de leur ville. Et puis aujourd'hui, de nouveaux débats autour de projets de construction qui sont remis en cause par de nouvelles municipalités. 
Tout ça met le marché sous pression. Un marché tendu, ça va plus vite, ça coûte plus cher et on négocie moins.

Dans la typologie de vos clients, y a-t-il des choses qui bougent ? Toujours autant de primo-accédants ?

Toujours autant de primo-accédants, encore plus d'investisseurs. Si nous devons chercher du côté des aspérités du marché et des nouveautés comportementales, nous pouvons noter que les locataires se mettent à faire de l'investissement locatif.

Je m'explique : le couple de trentenaires en location, installé dans un quartier recherché, à proximité des commerces et du bureau. Il occupe souvent un logement qui coûte cher à l'achat, donc difficile à financer.  
Et pourtant, ces jeunes actifs sont conscients aujourd'hui que le coût de l'argent est quasiment nul et que l'immobilier est un vecteur de développement de patrimoine. Donc, beaucoup restent locataires et font de l'investissement locatif en banlieue ou à l’écart des centres villes. C'est une tendance qui se dégage nettement depuis 18 mois et qui se confirme aujourd’hui.

Ce sont les habitants de grandes villes ?

En effet, il s’agit souvent d’une clientèle métropolitaine, là où les prix de l'immobilier sont les plus élevés et qui ont toute leur vie autour d'eux et qui voudraient passer à l'achat mais ne peuvent pas financer le logement qu'ils occupent. Ils ne sont pas résignés, ils ne se résignent plus. Ils se disent ce n'est pas grave, on va faire de l'immobilier autrement, ailleurs et ils investissent. Donc ça c'est une première aspérité, intéressante.

Et puis, il y en a une deuxième dont on parle beaucoup, c'est l'exode des citadins. 
Alors oui, les CSP+, les professions libérales qui ont leurs bureaux dans les beaux quartiers des grandes métropoles, peuvent se permettre d'aller habiter à une heure en moto ou en voiture. Mais ce n'est pas le cas de tous les Français. Et puis, tous les métiers ne sont pas « digitalisables ».

En revanche, nous constatons que des résidences secondaires deviennent des résidences semi principales. Ça, c'est aussi une tendance qui apparait, avec une clientèle plutôt quadra, mais surtout quinqua, qui passe autant de temps dans son appartement en centre-ville que dans sa maison en Normandie, dans les Landes ou au pied des lacs de Savoie. Avec une vie qui s'organise très bien entre ces doubles résidences.

Parallèlement, dans le même esprit, les recherches immobilières comportent souvent la présence du balcon, de la terrasse, comme on l’a beaucoup dit ?

Oui, absolument. Le balcon, la terrasse, la pièce en plus. Souvent, on passe vite du balcon à la maison. Et finalement on se dit, pourquoi pas ?  
C'est vrai que dans les recherches sur notre site internet, par exemple, qui enregistre deux millions de visites par mois, on se rend compte que là où nous avions 55 % des recherches qui concernaient des maisons, aujourd’hui, nous sommes plutôt à 65 %. 
Cette évolution entraine une pression sur les prix dans les villes moyennes et les banlieues, un effet inflationniste. Et puis un effet de rareté aussi, qui est en train de s’affirmer parce que tout le monde veut le même logement au même endroit.

Mais les clients sont toujours là.

Les clients sont là, plus que jamais. Les banques les financent. Nous avions eu peur avec les recommandations du HCSF, qui ont été assouplies depuis. Les banques financent l’immobilier puisque l'année 2020 était la deuxième meilleure année de tous les temps en termes de volume de transactions. Depuis déjà un moment, ils demandent à leurs clients d'avoir des projets qui soient davantage en ligne avec leurs profils et leurs revenus. Ils leur demandent, et ça n'a pas changé tant que ça, de soigner leur dossier d’emprunteur, de démontrer qu'ils savent gérer leur argent en "bon père de famille" et qu'ils sont capables d'épargner un peu tous les mois. 
On entend souvent que la production de crédits immobiliers s'effondre. Il faut lire entre les lignes. Oui, elle souffre depuis 18 mois dans l'immobilier neuf, mais elle se maintient à un niveau élevé dans l'immobilier ancien.

Votre réseau, quoi qu’il en soit, se porte bien, dans une conjoncture pareille ?

Oui, le réseau se porte bien. Il faut dire que nous avions tous les outils pour travailler dans ce contexte-là. Je pense à cette fameuse signature électronique dont tout le monde parle maintenant et qui est en place chez nous depuis 2017. Nous correspondons avec les consommateurs grâce à nos réseaux sociaux et aux messageries instantanées. Nous proposons de la visite virtuelle, depuis quatre ans. Notre réseau, comme les plus grands réseaux à vrai dire, avait anticipé ces tendances et formé ses agences et leurs collaborateurs à l’utilisation de ces outils. Hélas, si nous étions prêts, toute la chaîne immobilière ne l’était pas.
 
Par exemple, les services de l'urbanisme des communes n'ont pas nécessairement ce même niveau de digitalisation. Un coup de pied a été donné dans la fourmilière avec l’année qu'on vient de passer. Les aiguilles de la pendule ont avancé beaucoup, beaucoup plus vite, et c’est une bonne chose pour les leaders.

Votre réseau compte 700 agences. Qu’en est-il de son essor ?

Après une période de blocage, nous sommes de nouveau dans une phase d’ouvertures. Ce n'était pas évident de trouver des locaux. Pas évident de trouver des entrepreneurs pour les aménager. Pas évident d’obtenir les autorisations d'urbanisme, pour poser les enseignes. Et puis, pas nécessairement le bon timing pour lancer une agence, entre deux confinements. Aujourd’hui, nous avons plus de 90 agences à ouvrir sur les 12 prochains mois. Afin de couvrir parfaitement le territoire national, nous proposons encore 300 opportunités d’implantation dans des environnements urbains, périurbains et ruraux. Avis aux candidats !

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