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Revue de l'immo #211 du 15 mars 2024

Publiée le 15 mars 2024

Cette semaine dans la Revue de l’immo, MaPrimeRénov’ dans le collimateur de la Cour des comptes, le secteur du neuf mange son pain noir, Lille renforce sa lutte contre les meublés de tourismes, Airbnb interdit les caméras à l’intérieur des logements, l’intelligence artificielle révolutionne le secteur immobilier, et la surélévation en réponse à la crise du logement.

La cour des Comptes sévère avec les aides à la rénovation

On est loin du compte ! C’est le constat sans appel tiré par la Cour des comptes dans son rapport annuel publié ce mardi. Les logements ne sont pas adaptés pour faire face aux risques de réchauffement climatique. L’institution pointe notamment du doigt MaPrimeRénov’, dispositif qu’elle juge peu efficace. Et pour cause ! Le nombre de travaux de rénovation financés par MaPrimeRénov’ ne cesse de chuter, malgré une augmentation du budget alloué. Les rénovations globales représentent quant à elles seulement 3 % des surfaces rénovées. En cause ? La complexité du parcours pour accéder aux aides, le reste à charge encore trop élevé pour les ménages et les arnaques à la rénovation. Entré en vigueur en janvier 2024, le dispositif réformé, favorisant les rénovations globales au détriment des travaux isolés, a été un véritable flop, entraînant une chute des demandes d’aides de 40 % en janvier et février. Pour redonner un coup de fouet au dispositif, le gouvernement a décidé de faire marche arrière, annonçant le retour des aides pour les monogestes. Les décrets seront publiés d’ici le mois de mai. Affaire à suivre !

Le neuf traverse une crise d’ampleur

En un an, le nombre de permis de construire a chuté de 23,4 %. Cette diminution des autorisations de bâtir touche tous les types d’habitats, de la maison individuelle aux logements collectifs, en passant par les résidences seniors et étudiantes. De quoi faire perdurer la pénurie de logements, dans un secteur où l’offre est déjà en berne : le nombre d’appartements neufs mis en vente au dernier trimestre 2023 a dégringolé de 51,8 %. Si l’offre n’est pas au rendez-vous, la demande non plus ! En 2023, seules 58 500 maisons neuves ont été vendues, soit moins de la moitié de la moyenne annuelle depuis 2007. La baisse du pouvoir d’achat des ménages, le resserrement des conditions d’octroi du crédit, la hausse des coûts de construction et la disparition du prêt à taux zéro (PTZ) pour la maison individuelle font partie des raisons qui expliquent cette descente aux enfers. Les investisseurs particuliers se détournent également du neuf. En 2023, ils étaient deux fois moins nombreux à investir dans le neuf. Comme les propriétaires occupants, ils sont confrontés aux difficultés d’accès au crédit. À celles-ci s’ajoute une diminution de la carotte fiscale octroyée par le Pinel, dispositif amené à disparaître en fin d’année. Tous les chiffres virent donc au rouge écarlate… enfin presque. Seuls les prix ne bougent pas d’un iota. L’an passé, ils se sont stabilisés à 4874 euros du mètre carré en moyenne. Lors du salon international de l’immobilier Mipim qui s’est tenu cette semaine, le ministre du Logement Guillaume Kasbarian a annoncé une série de mesures pour sortir le secteur de l’impasse. Objectif ? Accélérer et simplifier la construction de logements.

Les systèmes de surveillance bannis à l’intérieur des locations touristiques

Vous mettez votre logement en location sur Airbnb, et pour la tranquillité d’esprit de vos hôtes – et la vôtre, vous avez placé des caméras dans votre bien ? Sachez qu’elles sont désormais interdites à l’intérieur du logement. Jusqu’à présent, ces dispositifs de surveillance étaient autorisés dans les parties communes comme un salon, une entrée ou un couloir, à condition que leur emplacement soit clairement indiqué dans l’annonce. Dans les parties communes, mais pas dans les espaces privés comme les chambres à coucher ou la salle de bains ! Cette mise à jour du règlement vise à simplifier la politique relative aux caméras de sécurité, mais aussi à protéger la vie privée des voyageurs. Certains propriétaires malintentionnés n’hésitaient pas à placer des caméras discrètement au milieu des bibelots… ou dans un radio-réveil orienté vers la douche. À partir du 1er mai, seules les caméras extérieures seront autorisées, à condition d’être bien visibles. Propriétaire-bailleur, vous avez jusqu’au 30 avril pour enlever les dispositifs qui ne respectent pas ce nouveau règlement. Passé ce délai, vous vous exposez à des sanctions pouvant aller jusqu’à la suppression de votre compte.

L’IA au service de l’immobilier

Pour trouver un terrain constructible pour leur projet, les promoteurs doivent tenir compte de données démographiques, cadastrales, économiques… sans oublier d’analyser les risques associés comme les inondations, le phénomène de retrait-gonflement des argiles… Là où l’humain a besoin de longs mois, l’intelligence artificielle fournit une réponse en quelques instants. Capable de synthétiser en un temps record un énorme volume de données, l’intelligence artificielle révolutionne le secteur immobilier à chaque étape. Outre la recherche de fonciers, ces algorithmes intelligents permettent d’optimiser le choix des matériaux selon leur spécificité… et même leurs délais de livraison. De quoi accroître la productivité d’un chantier. Mais ce n’est pas tout ! Grâce à l’IA, les architectes peuvent améliorer la qualité des projets de construction en testant par exemple l’impact de facteurs climatiques, énergétiques ou encore sonores en fonction de la forme et de l’implantation d’un bâtiment. En rendant les processus plus efficaces et orientés vers des solutions durables et personnalisées, l’intelligence artificielle représente une promesse majeure pour l’immobilier.

Lille monte au créneau contre les meublés touristiques

Freiner la prolifération des biens de type Airbnb est devenu le cheval de bataille de nombreuses métropoles françaises, parmi lesquelles Lille. La capitale des Flandres comptait 3084 meublés de tourisme en 2023. C’est 11 % de plus qu’en 2022. Des chiffres qui ne cessent de croître. Pour lutter contre la multiplication de ces locations de courte durée, la ville applique depuis 2019 le principe de la compensation : tout propriétaire qui souhaite louer en Airbnb à 100 % doit en contrepartie acheter un local commercial pour le transformer en logement classique. Selon la superficie du bien et sa localisation, certains investisseurs passaient entre les mailles du filet. Ce ne sera bientôt plus le cas. À l’instar de Bordeaux et Paris, la métropole lilloise resserre la vis en renforçant son règlement. Fini les dérogations ! À noter que le local proposé en compensation devra avoir une superficie équivalente à celui loué en meublé de tourisme, et être situé dans la même zone. Avis aux investisseurs lillois, ce règlement entrera en vigueur dès le premier avril. Et ce n’est pas un poisson !

Paris construit à la verticale

Pour faire face au manque de logements, Paris prévoit de construire 2800 nouvelles habitations par an, dont 500 en surélévation. Favorisée par le Plan Local d’Urbanisme et soutenue par la municipalité, cette solution gagne en popularité, notamment auprès des bailleurs sociaux. Et pour cause ! Augmenter le nombre d’étages d’un immeuble existant permet de réduire le coût de construction par trois. Si les bailleurs se réjouissent, qu’en est-il des occupants de l’immeuble ? D’une pierre deux coups ! En contrepartie des désagréments liés au chantier, ils pourront profiter d’améliorations effectuées en parallèle : un local vélo, une toiture végétalisée, une rénovation thermique offrant une meilleure performance énergétique… Des projets financés par les économies réalisées sur les coûts de construction. Hormis les occupants des immeubles voisins qui peuvent faire une croix sur leur vue et leur ensoleillement, tout le monde y trouve donc son compte. Le bémol ? Seule une minorité d’immeubles parisiens peut être surélevée. Le bâti doit en effet avoir des fondations suffisamment solides pour supporter le poids d’étages supplémentaires. Installation d’un ascenseur, prolongement de la cage d’escalier… bien que séduisants, les projets de surélévation comportent aussi un lot de contraintes.

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